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Problématique

Depuis les premiers écrits de G. Simmel sur la confiance au début du siècle
passé, de nombreux auteurs se sont penchés sur ce concept. On peut ainsi, parmi d'autres, citer les ouvrages
de B. Barber (1983), J.S. Coleman (1990), A. Fox (1974), A. Giddens (1984 - 1994), N. Luhmann (1979), B. Misztal (1996),
G. Möllering (2001)… D'autres ouvrages se présentent sous la forme de synthèses réunissant plusieurs auteurs autour d'une approche articulée
de la confiance, tels les ouvrages de D. Gambetta (1988), R. Laufer (2000), K. Lorenz (1993), V. Mangematin et C. Thuderoz (2003) ou encore L. Quéré (2001).

Une première analyse de ces travaux révèle l'extrême diversité des bases épistémologiques de la confiance et la difficulté d'instaurer un échange scientifique fondé.

Ainsi, une partie importante des travaux menés se situent dans une approche fonctionnelle de la confiance en tant que dispositif de réduction de l'incertitude et du risque, abordant la confiance par ses effets plutôt que par ses conditions. La confiance est alors considérée comme l'instance qui, en situation de complexité et d'incertitude, permet le passage de l'intelligence à la volonté…

D'autres travaux interrogent les conditions de la confiance avec des approches épistémologiques contrastées, citons comme exemple : l'approche cognitiviste ou informationnelle, l'approche procédurale ou institutionnelle, l'approche émotionnelle ou encore l'approche symbolique et culturelle de la confiance.

L'importante hétérogénéité contextuelle de l'usage du concept de la confiance en sciences humaines rend le travail d'éclairage épistémologique d'autant plus complexe. Ainsi, comme le souligne L. Quéré (2001), "nous l'appliquons couramment à des objets très différents : des personnes, des objets, des artefacts, des systèmes, des institutions, des organisations...".

Enfin, ce travail d'éclairage sur la confiance est également rendu difficile par la complexité des fondations morales et politiques de la confiance nécessitant une analyse philosophique précise (Barber, Bernard. 1983. The Logic and Limits of Trust ; Margaret Levi and Valerie Braithwaite, eds., Trust and Governance).

Une seconde analyse de ces travaux montre que la confiance, en dépit de son importance, reste un concept traditionnellement négligé en sciences humaines, à la faveur d'un paradigme dominant qui s'articule sur les notions de contrôle et de pouvoir. Or, comme le souligne très bien C. Thuderoz (2003, "plus nos sociétés s'ouvrent au monde, plus elles doivent gérer leurs méconnaissances de celui-ci et ses membres agir et décider en situation d'un savoir hypothétique". La confiance devient alors la pierre angulaire de la régulation des rapports sociaux ou encore, pour reprendre les termes de G. Simmel (1950 - 1987), cette "énigme" qui relie l'individu à la société.

Elément essentiel de la régulation de toute vie en société, la confiance reste donc difficile à approcher dans ses fondements épistémologiques, ses conditions pratiques et ses rationalités opérantes.

Au niveau de l'appropriation sociale des technologies et de la régulation des conduites, la dépersonnalisation et la décontextualisation des "relations" qu'elles autorisent, le caractère de plus en plus ouvert des réseaux qui se tissent à travers elles conduit à une certaine vacuité de l'espace social où le rapport à l'autre se fait à la fois plus incertain et plus éloigné et où la confiance devient alors "l'ingrédient" essentiel qui permet le saut dans l'engagement social (A. Giddens - 1994).

Au niveau des organisations, la confiance n'est-elle pas un concept pivot permettant de réduire le poids de l'incertitude dans les régulations organisationnelles à travers les théories des contrats, de la coordination, des jeux et des conventions ?

Par ailleurs, dans le champ des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), le thème de la confiance apparaît à la fois très mobilisateur mais, en même temps, souffre d'une dérive instrumentale réifiant la confiance à travers des dispositifs de sécurité et de certification sans réelle interrogation sur sa signification sociale. Dans ce champ comme dans d'autres, le retour à la confiance semble conditionné par la présence de tiers, technologiques ou institutionnels, que l'on qualifie d'intermédiaires de confiance.

Ces difficultés sont également présentes dans le champ des pratiques sociales et politiques où la confiance se voie aujourd'hui interrogée, confrontée à une crise liée à des ajustements de plus en plus distants, globaux et complexes mettant en échec les modes traditionnels de régulation sociale et de gouvernance.

Ainsi, les rapports intersubjectifs se jouent de nouvelles incertitudes liées à la médiatisation et à l'abstraction de la communication ; les états nations, confrontés à des questions de plus en plus globales et complexes, découvrent les limites d'un modèle hiérarchique de gouvernance ; les cadres normatifs et institutionnels cèdent progressivement sous le poids d'une fragmentation sociale de plus en plus présente ; les replis identitaires et l'individualisation des rapports sociaux posent avec acuité les questions de l'engagement commun et de la cohésion sociale …

Un public mieux informé et plus instruit est de loin moins porté à accepter la direction des pouvoirs sans la remettre en question lorsqu'elle touche leur vie quotidienne. Le désir de si nombreux citoyens et groupes d'être consultés et de participer au processus politique a créé un besoin qui n'est pas encore pleinement satisfait et qui ne peut l'être que par des consultations plus poussées entre gouvernant et gouvernés, rendant les défis des communications et de la gouvernance publique de plus en plus difficiles a relever. Ces défis sont d'autant plus essentiels que "crédibilité et confiance" constituent les assises d'un gouvernement démocratique et peuvent être aussi considérées comme des éléments fondamentaux du succès de tout exercice de communication des risques.

Structure

Toutes ces raisons justifient un retour scientifique sur la confiance, sur ce "supplément d'âme" qui permet le saut dans l'engagement social. Ce séminaire, qui veut contribuer à une meilleure intelligence du concept de confiance et de son lien au problème de la société de l'information et à celui de gouvernance, est structuré en quatre parties :

La première partie intitulée "fondements épistémologiques" vise à poser les cadrages épistémologiques permettant d'interroger les fondements et les conditions de la confiance. Elle s'interroge ensuite sur la façon dont la sociologie approche ce concept. De quelle manière l'approcher pour en faire un concept opérant dans notre compréhension du lien social ?

La seconde partie intitulée "éclairages empiriques, confiance et engagement" pose le problème de la traduction opératoire de la confiance. Elle pose ensuite la question de la confiance entre les organisations. Quelle est la place de la confiance dans les organisations et institutions ? La confiance peut-elle être considérée comme un concept pivot permettant de quitter le paradigme du contrôle pour celui de l'innovation ?

La troisième partie intitulée "confiance, communication et informatique" aborde le thème de la confiance dans le champ de l'informatique avec comme objectif de mieux cerner la manière dont ce concept est compris par les informaticiens, le sens social et technique que ceux-ci lui donnent.

La dernière partie de ce séminaire intitulée "confiance, gouvernance et démocratie" traite le problème de la confiance dans le domaine politique en cherchant à déterminer, comme condition d'une confiance retrouvée, les conditions d'une gouvernance démocratique, réflexive et participative.

En marge du séminaire, une journée doctorale sera organisée destinée à la présentation et au débat de travaux doctoraux en cours appartenant aux différents domaines et disciplines mobilisés dans ce séminaire.